"Las Memorias de doña Alma Errante"

Doña Alma Errante,
Les Mémoires
roman
de
Francisco Viñuela
C’est dans la matinée d'un jour ensoleille qu’ils retournèrent la voir ayant décidé d’aller de l’avant avec leur film.
Ils avaient comme prétexte que la pellicule du film s’était voilée, mais pour voir aussi si elle avait toute sa tête et si elle serait capable de tenir son rol jusqu’au bout.
Ils ont installer leurs machines et coffres en bois noir, qui ressemblaient à des cercueils et non à des instruments de cinéma...
,
Alors, enfin, elle retourna s’assoir sur sa chaisse, -trône style baroque espagnol- pour leur expliquer a nouveau que lorsque la ruine la frappa, c'était dans les années "20" et tous les malheurs qui aller arriver plus tard feraient suite à l’invention d'un maudit engrais synthétique appelé 'le nitrate' nouveau produit miracle pour l'agriculture.
Mais rien de tout cela n’avait plus d’importance car en dépit des adversités elle réussi à réunir l’argent nécessaire pour rembourser l'hypotheque de sa maison sur l’Avenue de la Liberté; en sachant très bien qu'elle aller finir sa vie la, et de toutes façons personne ne s’en souciait.
Elle insiste encore sur un fait : Plus tard, tout le désordre social vint surtout lorsque les Anglais abandonnèrent Valparaiso pour retourner dans leurs prairies du Yorkshire à cultiver leurs fichue roses blanches comme jadis;
et sûrement ils l’ont déjà entendu dire partout,
Ils ont tout laisser tomber. Changeant rapidement de métier, -avait dit son père,- -emportant avec leur élégance raffinée 'd'Albion la blonde', l’envie de la haute société de la République. S'était l'époque déjà lointaine de son enfance. Alors le charme disparut et les choses se dégradèrent jusqu’à sombrer dans le plus profond oubli.
Là où la prospérité avait l’éclat de l’époque victorienne, vint à s’installer une misère effroyable. Tout était resté imprégné de l’odeur que porte la pauvreté. Un odeur fétide sortait du bas-fond des entrepôts désolées. Mais cela n’avait rien à voir avec la pourriture qui apparut bien plus tard dans le temps et la chronologie des événements.
Un matin, tôt, on la réveilla pour lui annoncer la mort de Ladislao Felipe, comme ça, froidement.
Il lui légua des dettes comme unique héritage. Aussi un coffre de métal en fer forgé rempli des pièces de monnaie sans valeur. Il n’aurait jamais pu imaginer la fortune qu’ils auraient des années plus tard.
Les tiroirs remplis de billets de banque fraîchement imprimés avec l’encre encore humide, n'avaient plus de valeur, ce qui les laissa tous bouche-bée et leur coupa le souffle.
Elias Hogue, Directeur de la banque de Londres pour l’Amérique du Sud, ajouta sur un ton sardonique -comme pour annuler le gâchis ambiant- qu’il conseillait solennellement de les mettre au feu des cheminées durant les froides soirées d’hiver à Valparaiso.
-Calmez-vous, leur dit-il, n’ont pas la moindre valeur, ce ne sont que des morceaux de papier, des Marcs Allemands et non des 'Sterlings'.
Elle ne fût heureuse à cette époque. Et il était clair qu’il n’avait jamais été question de ce type de bonheur -au sujet de l’argent-. Sa fortune consistait seulement en une bâtisse de bois obscur où elle se réfugia pour échapper à l’humiliation qu'elle ne pouvait leur décrire parfaitement mais qui n’avait plus grande importance.
Elle se réfugia derrière les fleurs et arbustes de sa vieille maison soutenue par des poutres de chêne encastrées dans les murs, par où des branches des plantes grimpaient tout le long fragilisant le temps avec ses nœuds.
Les briques florentines, les châles ornés de jacaranda, les hautes cheminées, tout fût recouvert de fleurs violettes.
Et on dit de source sûre qu’elles avaient été apportées par un mousquetaire, navigateur très audacieux, le discret marquis de la Bougainville. Au moins il apporta des fleurs contrairement à toutes les autres scélérats qui se délectèrent à profiter jusqu’à la fin de la fête.
-Doña Alma, nous souhaitons tout savoir. Vos souvenirs les plus importants. Une doctrine fondamentale autour de laquelle on peut écrire et filmer la mémoire de la Patrie-
-Oh la la, ils veulent me tuer avec tant de questions, vous voulez non seulement mes Mémoires mais également ajouter un fondement à votre histoire de la République-.
Maintenant le plus important à ses yeux était les chrysanthèmes célestes et les glaïeuls multicolores.
L'éclat jaune permanent des arômes japonais à la fin de l’hiver car chaque période de sa vie n’avait été qu’un présage floral, faite à travers l’odeur des fleurs et il ne lui serait jamais venu à l’idée de s’enfuir avec un prince ou quelqu'un de sang bleu. Cela aurait été faire preuve de vanité, et ça aurait fortement déplu à son père.
Leur palais de la Renaissance fut apporté d’Europe dans des boîte en cartons et reconstruit là-bas à Valparaiso au pied des vignes qui longeaient la mer.
Plus tard Sa Majesté Alfonso XIII eut un lieu où s’installer et retrouver sa dignité dans son malheur. Avoir au moins de quoi nourrir sa cour car ils étaient tous arrivés ruinés à bord d'un voilier affrété avec les coffres de Madrid.
-Doña Alma, nous ne voulons pas vous mettre de pression en précipitant les événements, nous allons vous demander des précisions concernant ce qui arriva à cette époque avec la Maison Royale, on a des photos de vous et le Roi Don Alfonso, on les a trouvé dans l'hémérothèque du Journal
'El Mercurio'- lui dirent-ils, lourdement.
-Ah les enfants! Juste après la faillite, je me suis réfugiée éclipsé dans mes jardins.-
La brume salée montait de la mer. Le soleil réchauffait à peine. Les énormes héliotropes blancs s’étendaient par-dessus la toiture des garages où se trouvait notre vieux cheval déjà dépassée, certes, mais cheval tout de même avec son âme brillante. Et dans ce même lieu étaient entreposées la limousine Hispano-Suisse et une berline Bugatti, badigeonnées de vaseline pour éviter que les chromes ne rouillent.
Son oncle Julio de la Vega, avant s’en aller l’hiver dans la cordillère des Andes avec son chat 'Sade', et son vieux violoncelle dans une boîte doublé de soie, il laissait des instructions précises de tout huiler pour combattre l’oxydation hivernale au bord de ce maudit Océan Pacifique.
Maintenant tout dormait au fond de sa mémoire. Mais ils voulaient tout dépoussiérer d’un coup de plumeau, les vieux tapis, ouvrir les fenêtres, laisser entrer un vent de fraîcheur et refaire l’histoire,
-Un documentaire, qu’ils disaient- ils appelaient cela un documentaire, tandis qu’elle était bien consciente qu’il ne lui restait plus que de vieux tréteaux pour supporter la vieille carcasse de sa mémoire.
Eh bien, les filles ! dans sa mémoire ne restait que des labyrinthes, recouverts de vieilles toiles d'aragnés.
Les abuseurs et prédateurs sous prétexte de comptes en souffrances, avaient tout volé pendant la vente aux enchères lors de la liquidation de la maison. Certaines vieilles peintures à l'huile portaient même la signature d’un dénommé van Dyck; il semblerait qu’un bisaïeul les aurait reçues en cadeau pendant l'horrible guerre de Flandres.
Enfin, bref, une telle dispute éclata entre les exécuteurs testamentaires de la succession, les notaires malhonnêtes et certains parents quémandeurs que dans la grande pagaille la maison prit feu. Même s’il ne s’agi que d’anciennes écuries pourries qu’elle venait de leur dépeindre un peu plus haut. Quoique maintenant ils prétendaient changer lhistoire avec leur cinéma du passé.
Comme si elle ne s’en rendait pas compte qu’ils tentaient de la convaincre qu’elle n’avait jamais été une Habsbourg mais plutôt la simple veuve d’un espagnol nommé Burgos émigré de la péninsule. Diable! Les parvenus étaient en train de tout dénigrer.
Ainsi devait-elle rectifier constamment, non par arrogance mais par volonté de protéger l’honneur de sa famille.
-Tous les Espagnols de la planète disent être nobles ou d’origine noble! Il n’y a aucun espagnol sur la terre qui ne soit pas noble- répétait son père riant dans sa barbe.
Elle n’avait jamais accordé d’importance à ce genre de choses, même s’il elle partait du principe que tout son monde n'étaient que d’exilés de la guerre du « Carlisme » une guerre civil ou la souffrance venait confirmer un profond désordre moral dans la peninsule.
Elle était obligée, chaque matin, de sortir cachée sous une cape pour aller écouter la première messe dans la paroisse de L’Esprit-Saint, et ce fut bien plus tard, lorsque les années sinistres furent remplacées années prospères qu’elle put enfin se relever et sortir parfumée de la fraîche et pénétrante fragrance de lavande.
Alors les roses sauvages se transformèrent en roses cultivées, et ce fut seulement alors -les enfants- qu’elle consentis à tout reconstruire, et publier son ancien journal intime. Celui qui était enfermé dans une mine de sel dans le désert de Atacama-dit-elle en regardant pince-sans-rire, droit dans leur caméra.
Elle se rappelait de tout clairement afin de l’enregistrer fidèlement dans cette machine électrique déposée sur une table à roulette et branchée directement dans le mur par un câble noir ressemblant à une couleuvre.
-Pour que votre souvenir soit transmis à la postérité, Doña Alma- lui murmura-t-on de manière condescendante, donnant clairement l’impression qu’on la traitait comme une folle.
Par la fenêtre de la clinique, elle aperçu la lueur de la baie de Valparaiso, et entendait le sifle du vent venu de loin frapper la colline jusqu’à soulever les toits. Vent hurlant et annonçant l’arrivée du printemps. Portant l’odeur amère de la résine des pinières qui entouraient surplombant le port de Valparaiso.
En relevant la tête, se regarda dans le miroir et vit qu’elle était encore petite fille, emmitouflée dans des organdis amidonnés, jouant seule vêtue de blanc à côté d’une ruche d’abeilles. Les abeilles bourdonnaient constamment comme les câbles qui furent installés par l’entreprise de Services Électriques.
-Père, est-ce toi qui appelle?-. lui sembla entendre un bruit à l’étage supérieur.
-Alors, les papillons, entrèrent par les vitres brisées.
La pluie inonda tout et dans cette pauvreté nous mangions aussi les maigres sauterelles, en les dérobant aux araignées lorsqu’elles vennait s’échouer dans leur toiles fines tissées par nos tarentules africaines-.
-N’ayez pas peur père, c’était juste un autre séisme, une secousse de plus, on arrive avec le bouillon, la chaleur va monter- retourna-t-elle lui dire pour le calmer.
Le destin sinistre prévalait sur le bonheur qui avait pourtant été soigneusement construit et protégé mais sur lequel règnerait toujours une menace de catastrophe.
Eh bien mes filles, c’est la dure loi de la vie, comme un impératif pour un plaisir fugace et vulgaire. Elle l’avait relaté avec moult détails dans son fameux journal intime, puisque c’est à cela que ils avait abouti, à une République.
En suite le grand massacre avait eu lieu pour pouvoir fonder une autre, une République Thalassocratique.
========================================================
Immédiatement après-cela, dans le deuxième tiroir de sa mémoire, elle voulait insister sur le fait que tout ce monde, famille, amis, avait disparu comme par acte de magie en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Et l’on a abouti dans une République car en suite le grand massacre avait eu lieu pour cela, pour fonder une République de thalassocratie, puisque ils étaient en face de la mer et maintenant elle voulait s’en remettre au jugement de la postérité et souhaitait tout enregistrer dans ses maudites caméras.
Apres le drame du deuil, dès le lundi matin, elle convoqua Saturnino le chauffeur, qui autrefois, au temps des étalons fougueux n’était que le cocher, pour lui donner l’ordre de démonter la berline hispano-suisse et de la badigeonner de crème L’Oréal Paris -empêcher l’oxydation causée par la brume saline du Pacifique du Sud- qu’il referme ensuite les portes des anciennes écuries avec un lourd cadenas.
Acceptant ainsi le sort que leur avait réservé par cette société impitoyable qui -tel que l’avait dit son père - ne fit jamais de cadeau à personne, encore moins quelque chose d’intéressant, ni ne donna, d’un point de vue historique, plus que de petits mélodrames et des sinistres coups de couteaux aux Palais-
Ce fut à cette époque qu’elle demanda à Christophe, son neveu, qui était commandant de la flotte de Navires du Pacifique, de lui rapporter une boîte de larves de vers à soie. Elle lui avait demandée sans imaginer les conséquences qui allaient entrainer.
- Au cours de l’un de tes voyages, mon fils, lorsque tu passeras par l’Asie mineure, ou majeure, et si cela ne dérange personne, rapporte-moi quelques boîtes d’œufs de ‘Vers à soie’, car je vais essayer de lancer une nouvelle entreprise pour m’en sortir de la misère.-
Un nouveau genre d’industrie qui lui permettrait de se relever de la faillite, un commerce comme ceux qui se font en Inde et qu’elle avait examiné de près dans les pages de L’Encyclopédie Britannique.
Elle lui donna ses derniers bijoux qu’elle conservait cachés dans un guéridon florentin.
Mais par grande malchance, encore cette dure fatalité qui s’obstinait à la persécuter, il se trouva que les fameuses bestioles, rapportées avec tant de soins par Christophe, s’étaient des ‘tarantules’ qui envahirent sa maison, se reproduisant à une rapidité fulgurante et lorsque elle s’en rendit compte, il était déjà trop tard pour asperger le tout d’insecticide.
Même les fleurs –dans cette folie- profitèrent de l‘occasion et les plantes grimpantes escaladèrent les murs en terre cuite et les lances en fer forgé avec cet air de château de carte postale de Bavière, reculèrent aussi, disparaissant parmi les buissons de jasmin. Et pendant des années par fierté naturelle, jamais par orgueil, elle n’osa montrer le bout du nez. Encore moins pendant la traditionnelle promenade de la mi-journée.
Lorsqu’ils arrivèrent de la Péninsule ils étaient d’une part castillans de pure souche, avec cette fierté inculqué, répétant milles fois quoique jamais avec arrogance; car il ne fallait pas oublier que ce furent les vaniteux qu’ont installé la période de décrépitude.
Alors , chers enfants, elle voulait, nonobstant, leur laisser un témoignage dans ces pages et en pleine possession de ses moyens elle déclarait que ceci n’était pas ces dernières volontés. Car ce qui précédait servait uniquement à leur démontrer comment s’était produit cette lente délabrement, due aux à une espèce d’effondrement intérieur; un manque total d’envie de vivre.
Aux moqueries du Gouvernement s’additionna la prolifération des chèvrefeuilles qui l’enfermaient comme une condamnée derrière un mur coloré, la laissant seule avec ses rêves.
C’est là qu’elle ressentit les premières terreurs qui créèrent son obsession mentale et pire encore, plus tard, lorsqu’à une époque de troubles sociaux les fonctionnaires municipaux se vengèrent en supprimant des cadastres et le numéro de l’enregistrement de son domicile qui représentait son ultime identité urbaine mais comme si cela ne suffisait pas, lorsque le débordement des égouts inonda l’Hôtel de Ville ou était déposés l’enregistrement foncier de sa maison,
encore plus terrible arriva : faisant disparaître la dernière preuve de l’existence de sa mystérieuse propriété.
Elle se retrouva donc livrée à elle-même dans ce Galion espagnol qui s’enfonça lentement au milieu de vastes jardins et que plus tard personne n’oserait jamais atteindre durant des nombreuses années.
Les complexes machines métalliques qui conduisaient l’électricité derrière un scaphandrier d’un vitre obscure, cédèrent avec une explosion sourde et lentement furent piégées par la passion des fleurs et des vignes et personne ne vint plus jamais relever le ‘compteur électrique’ ni le débit d’eau, et à partir de ce moment-là, -comme disait si bien son père- tout entra dans une profonde léthargie de République de bananes, bien qu’elle était tout à fait certaine qu’il n’y eût jamais de plantations de bananes dans les rues, ni encore moins de bananiers.
V
Ce qu’elle voulait expliquer, chers enfants, c’est que tout le rituel platonique de la dite république avait été jeté aux ordures, et qu’on lui pardonne l’expression.
Elle était malgré tout certaine que l’intense léthargie survenue par la suite était due à cette bande d’ignobles individus qui saccagèrent pour toujours les affaires publiques.
Elle continua à vivre dans les ‘jardins suspendus’ de sa propre Babylone, les terrasses de la maison perchée en haut du Cerro-Alegre de Valparaiso avec des millions d’abeilles qui butinaient en plus des vers à soie rapportés par Christophe son neveu, s’étant révélés être des araignées africaines qui avaient tisser d’immenses toiles de ouate blanche à l’intérieur de toute la maison en déplaçant leurs pates horribles à un rythme soutenu comme des aiguilles à tricoter, elles travaillaient jour et nuit avec une terrible nostalgie de la Côte d’Ivoire, où son neveu en fit l’acquisition croyant lui offrir des œufs de ‘vers à soie’ pour commencer une nouvelle industrie nationale.
Comme il est dit dans les encyclopédies que ces insectes ont des vertus aphrodisiaques lorsque consommés frits, pour cette raison l’oncle Julio de la Vega qui arrivait de la cordillère des Andes le vendredi avec le train de sept heures, demandait toujours à ce qu’il en soit ajouté à son riz au safran.
Un peu plus tard, le soir, arrivait l’Oncle ‘Chameau’, un autre vieux cousin célibataire dont personne ne connaissait réellement son vrai nom mais dont on supposait qu’il avait été surnommé ainsi en raison de sa tête aplatie, son nez bulbeux et son front dégarni, avec juste quelques mèches grisonnantes ; il avait aussi de grandes dents jaunies que l’on apercevait uniquement lorsqu’il faisait des grimaces nerveuses en mangeant.
Hiver comme été, il portait toujours un vieux manteau en peau de chameau, ce qui selon l’oncle Julio opérait une vraie métamorphose parce et en effet cet homme n’était plus son cousin mais un véritable ‘chameau’ qui s’était immiscé et grandi en lui. Il leur racontait des ragots sur un ton confidentiel; avec beaucoup de sérieux et malgré tout un soupçon de plaisanterie qu’à cette époque elle n’avait jamais su interpréter.
Après avoir joué aux échecs et mangé les araignées ils sortaient bras-dessus, bras-dessous comme deux camarades pour explorer les bas-fonds du port de Valparaiso. Aussi l’Oncle Chameau était gérant d’une maison de Pompes Funèbres et souffrait d’une maladie qui le transformait lentement en pierre ou en une de ces statues de sel que l’on peut lire dans la Bible.
Un soir, oncle Chameau apporta un livre afin de lui lire avant de s’endormir, une histoire de la République écrite par lui-même, disait-il. Il l’avait écrite dans le but de démontrer à tout le monde qui étaient les véritables rois de la ‘quétainerie’.
Il raconta que lorsqu’il était enfant, pendant les matinées d’hiver avant le lever du soleil, alors que la brume froide et inhospitalière de la côte s’élevait à peine il ouvrait la porte d’acier rouillé de la maison de sa tante Rosario dans laquelle il avait grandi, alors il se glissait furtivement, comme seul peut le faire un enfant braconnier, affublé d’un uniforme de pompier aux boutons brillants, un déguisement que quelqu’un avait laissé à l’abandon après l’un des horribles incendies.
À dire vrai, il n’avait pas d’autre vêtement ; ainsi il montait fébrilement sur les pavés de pierre, par les ruelles, tremblant sur ses jambes qui le soutenaient à peine en raison de la famine qui faisait rage à cette époque et qui avec le temps s’était transformée en rachitisme.
Malgré tout il arrivait à la messe terrorisé craignant que quelqu’un ne réalise qui il était. Alors c’est pourquoi qu’il se tenait dans le coin le plus sombre à côté des colonnes doriques derrière le bénitier.
Plus tard il sortait une bourse doublée d’antilope blanche qu’il avait reçue en cadeau pour sa première communion et à mesure que les gens s’en allaient, dans la pénombre, après la messe, il remplissait la gourde de pièces d’or car à cette époque la monnaie étaient faites d’or et d’argent, de grande valeur, contrairement à aujourd’hui où tout n’est que vulgaire papier taché de sang…
(à suivre

Comentarios

Entradas populares